Depuis qu’elle est au chômage, Valérie passe l’essentiel de son temps dans sa cuisine. Quelques mètres carrés de carrelage blanc et de crépi orange, avec une fenêtre sur une rue résidentielle, en périphérie de Montargis (Loiret). C’est son QG, le coin fumeur
où elle s’autorise quelques clopes, assise derrière une table en pin. En ce moment, Valérie lève le pied sur le tabac comme sur le café. Posée près du micro-ondes, la machine à expresso est vite devenue le centre de gravité de ses journées sans travail. « J’étais montée à sept tasses par jour, lance-t-elle de sa voix gouailleuse. Mon médecin m’a dit de faire attention, le palpitant n’aime pas ça. Mais je ne suis pas faite pour rester là à ne rien faire. »
Cet après-midi, Théo, son fils de 3 ans, dort à l’étage. Enzo, 5 ans, est à l’école. La maison est plongée dans le silence. Au mur, la trotteuse de l’horloge scande le temps qui s’éternise. Valérie glisse le doigt sur son smartphone. Il ne la quitte jamais. Elle a scotché sur l’étui les photos des enfants. Trois fois par semaine, le matin, elle s’en sert pour jeter un œil sur le site de Pôle emploi. Elle appelle à l’occasion le 39 49. Elle s’y rend aussi parfois. C’est lors d’un atelier sur la formation que Les Jours l’ont rencontrée. Le reste du temps, Valérie fait des jeux
ou consulte Facebook. À 8 h 30, 11 h 30, 13 h 30 et 16 h 30, elle traverse la rue et emprunte le chemin qui mène à l’école d’Enzo. « Je discute avec les mamans, raconte-t-elle.