Imaginez un peu, vous rentrez tranquillou de vacances fin août, vous vous asseyez à votre bureau, vous sortez votre passe sanitaire que vous avez placé dans un ravissant cadre en coquillages acquis dans une station balnéaire pour faire rire les collègues, vous tournez la tête, et là, stupeur : vous ne reconnaissez plus personne. Tous vos voisins de bureau ont changé : Matthieu, le gars sympa du matin, envolé ; Nicolas, le mec un peu lourd avec ses imitations mais bon, disparu ; Julie qui, depuis 120 ans qu’elle était là, faisait partie des meubles, éjectée ; le petit Bertrand qui vous faisait rigoler, itou ; Patrick, le sérieux comme un pape du midi, évaporé ; Émilie, toujours à vous passer du Jean-Jacques Goldman en soirée, absente également ; Pascale, celle de la perm du week-end avec sa voix qui vous colle invariablement des gouzis-gouzis, éclipsée aussi. À leur place, des êtres étranges venus d’une autre planète. Leur destination : Europe 1. Leur but : en faire leur univers. Les CNewseurs…
Inutile pourtant de tenter de convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé, tout le monde le sait et les chiffres parlent : 8, facile ; et 100, au moins. Huit, c’est le nombre d’heures quotidiennes d’Europe 1 qui, dès la rentrée, vont être tenues par des voix venues de CNews, voire de la galaxie Canal+, en tout cas de l’univers de Vincent Bolloré, actionnaire de Lagardère et désormais bien installé au conseil d’administration du groupe (lire l’épisode 15, « Lagardère : 99 minutes pour survivre à Bolloré »). Et 100, selon nos informations, c’est le nombre de départs que devrait atteindre la radio face aux envahisseurs. Près de la moitié de l’effectif total, rien que ça, journalistes, administratifs et techniciens inclus. L’exode est massif, ahurissant, des services entiers sont vidés. À ce stade, ce n’est plus une hémorragie, c’est un bain de sang. De ceux dont Vincent Bolloré s’est fait le spécialiste, d’i-Télé en passant par le service des sports de Canal+.
Il y a ceux qui sont virés et là, le ménage est bien entamé avec Matthieu Belliard le matinalier, Bertrand Chameroy et Pascale Clark pour cause de lèse-Bolloré ou encore Patrick Cohen parti sur France Culture. Et les derniers très symboliques départs : celui de l’humoriste Nicolas Canteloup, qui n’avait jamais oublié de se farcir à l’antenne toute la sphère bolloréenne et qui a