Aux Jours, on avait pris les paris. Combien de temps allait mettre Geoffroy Lejeune, viré le 19 juin de la direction de la rédaction de Valeurs actuelles pour cause d’extrême droitisme un peu trop d’extrême droite
L’info, dont ils ont eu connaissance en lisant Le Monde, leur a été confirmée officieusement en interne jeudi matin. Ils ont commencé par ne pas y croire : « On se faisait la blague entre nous, raconte l’un d’eux, mais juste pour se marrer. » La blague est devenue réalité ce jeudi matin : « sidérés », « stupéfaction », « panique totale », et « tous les émojis d’horreur qui tournent sur Whatsapp », décrit une journaliste. Une assemblée générale a été convoquée dans la foulée, à l’heure du déjeuner. Qui a fait le plein : une cinquantaine de personnes sur place, une trentaine en ligne, pas seulement des journalistes, mais aussi des salariés de la pub ou de la diffusion du journal. Dans une ambiance de « sidération », selon les participants, l’idée d’une grève s’est vite imposée : « Tout le monde était choqué, remonté, dégouté, on s’est dit qu’il fallait frapper fort et tout de suite. »
Geoffroy Lejeune, ancien directeur de la rédaction de l’hebdomadaire d’extrême droite « Valeurs actuelles », exprime des idées à l’opposé des valeurs que porte « Le JDD » depuis soixante-quinze ans.
Finalement voté dans l’après-midi (77 pour, une voix contre, et cinq personnes ne se prononçant pas), le mouvement est reconductible et le communiqué de la rédaction clair : « La rédaction du JDD a appris avec stupéfaction ce jeudi l’arrivée pressentie de Geoffroy Lejeune à la tête de la direction générale du journal, en remplacement de Jérôme Béglé. Nous nous opposons avec force à cette nomination. » Pour les salariés, Geoffroy Lejeune « exprime des idées à l’opposé des valeurs que porte Le JDD depuis soixante-quinze ans. Il en va de même de Charlotte d’Ornellas – figure de la droite réactionnaire et proche des idées d’Éric Zemmour –, dont l’arrivée est pressentie également. » Et le texte de rappeler les faits d’armes de Lejeune : « Sous la direction de Geoffroy Lejeune, Valeurs actuelles a propagé des attaques haineuses et de fausses informations » ainsi que la condamnation de l’hebdo pour injure raciste envers la députée LFI Danièle Obono, représentée en esclave.