Licenciée. Après vingt ans à Paris Match, la journaliste Caroline Fontaine a été licenciée. Face à l’emprise de plus en plus pressante de Vincent Bolloré sur l’hebdomadaire, d’autres l’ont été, d’autres sont partis en négociant. Mais c’est la Caroline Fontaine élue de la Société des journalistes (SDJ) qui a été virée en avril, précisément parce qu’elle faisait son travail de membre d’une SDJ qui consiste à se pencher sur les questions éthiques d’un média (lire l’épisode 43, « “Paris Match” : licenciement sur papier glaçant »). Pour la première fois, elle prend la parole.
Il y a un an, la crise s’ouvrait à Paris Match avec la couverture accordée au cardinal ultraconservateur Robert Sarah. Aujourd’hui, vous avez été licenciée de Paris Match et le journaliste d’extrême droite Geoffroy Lejeune est aux portes du JDD, qui s’est mis en grève… Imaginiez-vous que l’emprise de Vincent Bolloré se ferait aussi rapidement ?
Après le licenciement brutal de Bruno Jeudy consécutif à cette une sur le cardinal, nous avons voté à 97 % une motion de défiance où nous écrivions que l’avenir de Paris Match était menacé. On savait qu’il l’était depuis la prise de participation de Bolloré parce qu’on lit les journaux et Les Jours et on a vu ce qui s’était passé à i-Télé, à Canal, à Europe 1. À cette époque-là, la rédaction avait l’espoir que ça allait s’arranger, que quelqu’un d’autre allait nous racheter. Mais avec la couv Sarah, j’ai compris.