En décembre 2014, la juge Nathalie Turquey reprend le dossier du Grêlé. Elle est la neuvième magistrate sur l’affaire et elle décide de réexaminer toutes les pistes, même les plus ténues…
Avec son nouvel angle de vue, la juge Nathalie Turquey se focalise sur un dossier de la brigade des mineurs passé inaperçu ou presque, certes cité dans les rapports de la crim’ mais à grands traits. Par effet de loupe, l’agression de Cyril et Jennifer lors d’une fête d’ados le 1er avril 1987 va révéler une série de micro-indices qui s’avèreront décisifs. La « synthèse des principaux éléments » réalisée à sa demande au printemps 2015 détaille l’attitude de l’intrus avec les enfants ce mercredi après-midi. À côté de la place de la Nation, au 2 de l’impasse Morlet, dans le XIe arrondissement de Paris, Cyril a affiché un papier sur la porte d’entrée indiquant « Boum
La plupart de ses copains et copines arrivent à 13 h 30. Mais à 14 h 15, un homme sonne à l’interphone et annonce : « Police ». Le garçon de 13 ans le laisse monter et lui ouvre. Alors, le policier en civil lui tend une carte rayée « bleu, blanc, rouge » sur laquelle Cyril voit l’inscription « Gendarmerie » avec un « G » en relief, avant de la ranger bien vite dans sa poche. L’homme explique qu’un voisin a appelé le commissariat pour se plaindre du bruit, mais la boum peut continuer à condition qu’il puisse rester pour la surveiller. Il ordonne aux ados de baisser le son de la musique et inspecte les pièces de l’appartement pour vérifier si de la drogue y est cachée. Il s’isole dans une chambre prétendument pour appeler son service mais Guillaume, qui écoute aux portes, l’entend « faire semblant de téléphoner à la préfecture ». Au cas où d’autres invités arrivent, il faut le présenter comme « François », le cousin de Cyril. Puis le sans-gêne s’incruste pendant plus de deux heures, passe des disques, essuie la vaisselle et discute avec les jeunes. Il raconte à Cyril qu’il est « animateur dans les colos de la gendarmerie ».
Il s’éclipse quinze minutes. Les ados en profitent pour aller voir les voisins et comprennent la supercherie. À son retour, l’homme doit s’expliquer mais comme il a réponse à tout, il soutient qu’une personnalité d’un étage supérieur a bien appelé son service. Les jeunes ont de gros doutes sur sa qualité de gendarme et lui demandent s’il a une arme. Il dégaine alors un revolver noir à crosse marron d’un holster qu’il porte à gauche et précise,