De Grenoble
En entrée, une fois n’est pas coutume, il y a le choix entre foie gras, saumon fumé ou feuilleté au homard. Ensuite, c’est dinde sauce forestière ou filet de loup sauce aigre-douce, accompagnés de pâtes aux châtaignes ou d’une poêlée de légumes. Pour le dessert, difficile de se décider entre la meringue-macaron-chantilly-fruits rouges, le « tourbillon » mangue-passion ou la « bande » fruits rouges-pistache-vanille. Chaque plateau repart également avec une paire de clémentines et de papillotes. Le tout sera arrosé d’eau au pichet
Ce jeudi 19 décembre, c’est le repas de Noël à la cantine du lycée Emmanuel-Mounier. Comme chaque menu, il a été élaboré deux mois à l’avance par Nadine Gillau, la cheffe cuisinière de l’établissement. Mais comme il sort de l’ordinaire, la demi-douzaine d’employés de cantine ont commencé à le préparer la veille. La plupart des pâtisseries sont maison : un moyen de « faire des économies », explique la cheffe qui doit composer avec un budget de 2 euros par élève par repas
Pour le repas de Noël, la tradition veut que tout le personnel du lycée se retrouve à la même table : profs, direction, personnel administratif et technique, cuisiniers. Nadine Gillau est la dernière à rejoindre le groupe, vers 13 h 30. Pour ne pas perdre les restes, il faut les refroidir selon un protocole précis dès la fin du service. La cheffe rouspète un peu de ne pas avoir été prévenue que Les Jours s’inviteraient pour l’une des journées les plus chargées de l’année. Elle le fait remarquer sans ambages au proviseur, « Jo », et son adjoint, « Philippe », installés à côté.

Elle est comme ça, Nadine : « Je dis les choses, moi. » Vingt ans qu’elle fait bouillir la marmite à Mounier, quarante ans qu’elle travaille. Elle va pouvoir prendre sa retraite l’année prochaine, à 59 ans. Elle a mal partout : être debout tout le temps en statique, porter de lourdes charges, se lever au petit jour, ça use. Elle doit d’ailleurs se faire opérer d’un genou en janvier. Le boulot ne va pas lui manquer ; les collègues et les « gamins », sans doute plus. Ça lui tient à cœur de « faire des choses qu’ils aiment ». Et, surtout, des plats « copieux » : « On a beaucoup de gamins des quartiers, il y a aussi les jeunes migrants, certains ne mangent pas le soir. »
Le lycée Mounier accueille en effet une Unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A).