De Grenoble
C’est une porte que l’on a poussée avec un peu d’appréhension. Elle ne grince pas, mais sa plaque dorée semble nous toiser : « Salle des professeurs, accès interdit aux élèves ». Au lycée Emmanuel-Mounier de Grenoble, elle se partage en trois parties. Il y a la salle de travail avec les ordinateurs, la salle des casiers en bois qui datent joliment, avec le nom et la photo de chaque enseignant, et la pièce centrale, où l’on trouve les différents panneaux d’affichage et un coin chill-out : des fauteuils en vinyle qui entourent une table basse.
Ce jeudi 13 février, Les Jours, habituellement calés au fond de la classe de la 1ère G4, se sont invités de l’autre côté du miroir pour recueillir la parole d’une profession malmenée, à l’attractivité en berne. Il y avait sur la petite table du quatre-quarts, avec un mot encourageant à l’achever. « Un reste de la grève », nous explique-t-on. Le 5 décembre, premier jour de mobilisation contre la réforme des retraites, 87 % des 68 profs ont débrayé à Mounier. Une poignée d’entre eux ont tenu quelques jours
L’année 2019-2020 restera cependant un cru exceptionnel, par la longueur de certains blocages d’établissements et par la forme inédite des modes d’action. À la contestation de la réforme des retraites s’est ajoutée celle des premières « épreuves communes de contrôle continu » du bac nouvelle formule, les fameuses E3C (lire l’épisode 11, « Contrôle continu : doit faire ses preuves »). Partout, les profs ont tenté d’être inventifs pour crier leur colère, leur fatigue de cette réforme faite à la va-comme-je-te-pousse : retraites au flambeau dans les centres-villes, cartables jetés devant les rectorats, jusqu’à des ouvrages brûlés en place publique… Comment un enseignant en arrive-t-il à mettre le feu à un livre, fût-il un manuel scolaire périmé (lire l’épisode 6, « Avec la réforme, les manuels valsent ») ?
« C’est l’expression d’un malaise profond », commente quelqu’un à Mounier. Voilà l’autre particularité de cet épisode des