De Grenoble
C’est une « course de vitesse à l’anticipation » qui s’est enclenchée jeudi 12 mars pour Joseph Sergi, le proviseur du lycée Mounier de Grenoble, où Les Jours suivent la réforme du bac depuis la rentrée dans la série Les années bac. À 20 heures ce soir-là, lorsque le président de la République a annoncé sur France 2 la fermeture, à compter du lundi suivant, de tous les établissements scolaires du pays, M. Sergi tenait un conseil de classe. Les portables des enseignants présents se sont mis à bourdonner des alertes d’actualité et des notifications des réseaux sociaux. Le mail de la rectrice de l’académie de Grenoble est, lui, arrivé peu avant minuit sur les messageries des personnels de direction. Confirmant la mise en route des procédures déjà détaillées, par précaution, la semaine précédente.
Avec Philippe Raspail, son adjoint, Joseph Sergi a dressé son « plan de bataille », dit-il. « Objectif numéro un » : la continuité pédagogique, l’une des incantations du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Afin d’être certain de pouvoir l’assurer, il fallait disposer d’un fichier complet des coordonnées des élèves et de leurs parents. Vendredi, M. Sergi est passé en salle des profs cinq minutes avant la sonnerie du matin : « Pour leur dire : “Le plan d’attaque, c’est ça, votre mission, c’est ça.” » Soit faire circuler une feuille dans chacune des classes pour recueillir les bonnes données, signaler les absents et s’assurer que tous les élèves aient un code d’accès valide à l’« environnement numérique de travail », l’ENT. Cette plateforme dématérialisée, gérée par la région, est reliée au logiciel Pronote. L’attelage permet à la communauté éducative d’informer au quotidien les familles des résultats des lycéens, de leurs absences et de faire circuler messages et fichiers à destination des élèves. C’est devenu depuis lundi le cordon ombilical du lycée en quarantaine.

Et sans surprise, il croule sous les requêtes, qui le rendent inaccessible ou au mieux très ralenti depuis trois jours. D’où l’urgence de collecter en amont, et à l’ancienne, les coordonnées de tous : « Même si le serveur de la région tombe, on a le fichier pour maintenir le lien, je l’ai envoyé à tous les enseignants en avertissant bien que ce sont des données personnelles à usage interne », précise Joseph Sergi. Bien lui en a pris : ce mercredi matin, quand, en plein confinement, il reçoit Les Jours au lycée Mounier, le téléphone sonne à intervalles réguliers.