Le père de Mariama lit et relit la feuille que le professeur principal lui a donnée. Il met ses lunettes, les enlève. Il est contrarié. Finalement, il pose le stylo et dit posément : Non, je ne signe pas.
En face, Antoine Labaere, le prof principal, est un peu déstabilisé. Sur la feuille posée entre eux, il y a l’avis du conseil de classe sur les vœux d’orientation formulés par Mariama pour l’année prochaine. Elle avait coché « seconde générale », mais le conseil de classe, qui rend au deuxième trimestre un avis provisoire sur les vœux d’orientation, a considéré que ses notes n’étaient pas suffisantes pour valider ce choix et s’est prononcé pour une seconde professionnelle. À moins que ses moyennes ne remontent au troisième trimestre.
Antoine Labaere tente de rassurer le père : Ce n’est qu’un avis provisoire. Si les notes augmentent, on la laissera passer en générale. Et puis votre signature n’engage en rien, elle signifie simplement que vous avez pris connaissance de l’avis du conseil de classe.
Mariama, elle, est confiante et motivée. Je vais remonter
, dit-elle dans un sourire qui s’adresse autant à son père qu’à son prof. Mais le père ne changera pas d’avis. Il rend poliment la feuille non signée à l’enseignant. Il veut sa fille en lycée général.
La scène lors de cette remise de bulletin en dit long sur ce qui se joue pour les élèves et leurs familles à ce moment charnière de leur scolarité. Elle en dit long aussi sur la mécanique de l’orientation scolaire.