Depuis trois saisons que Les Jours enquêtent sur l’éducation, c’est à chaque fois le même point névralgique : l’orientation. Que vont-ils bien pouvoir faire ces « jeunes », ainsi qu’on les appelle au ministère de l’Enseignement supérieur ? Frédérique Vidal a présenté ce mercredi matin sa réponse en Conseil des ministres avec sa loi relative « à l’orientation et à la réussite des étudiants », qui va notamment remplacer la plateforme APB par, attention les yeux, « Parcoursup ». Discours officiel : il faut trouver sa route, sa place dans l’aiguillage géant de l’orientation. Dans les faits, le choix est surtout affaire de résultats scolaires et de connaissance, par les familles, des rouages du système. Des Années collège aux Années fac en passant par Les années lycée, Les Jours s’arrêtent au péage de l’orientation.
Il est 18 heures ce mardi 21 novembre et nous revoilà dans le XVIIIe arrondissement à Paris, à Aimé-Césaire, dans Les années collège. La salle est à moitié vide. Les chaises sont installées, Jean-Louis Terrana, le principal, et Lola Noble, la nouvelle conseillère d’orientation, se tiennent prêts. « Qu’est-ce que je vais faire l’année prochaine ? », lance à l’assistance Lola Noble, pendant qu’une mère entre en courant dans la salle. Le programme de cette réunion est écrit en lettres capitales sur le Powerpoint projeté : « l’orientation ». Dès la fin de la troisième, il faut choisir son lycée et donc sa filière. « On n’est pas encore sur le choix d’un métier mais sur le choix de la poursuite d’études », insiste Lola Noble. Les parents présents ne disent rien. Deux questions seulement sont posées sur une heure de réunion. On se sait pas si c’est parce qu’ils sont perdus dans ce trop-plein d’informations, ou si c’est parce que tout cela leur semble abstrait. Le principal essaie tant bien que mal de donner des exemples de situations, de s’enthousiasmer devant le Powerpoint de la conseillère d’orientation. Rien n’y fait : il n’y a pas un bruit dans l’assemblée. À part, au moment où sont évoquées les filières des bacs technologiques – STD2A, STL, STI2D –, les pouffements de trois adolescentes au fond de la salle.
C’est la première fois qu’on entend parler d’orientation, et on a généralement 14 ou 15 ans. On est en troisième. À ce stade de la scolarité, la majorité des élèves n’y prêtent alors qu’une oreille distraite. Car ils passent, pour 70 % d’entre eux, en seconde générale.