Tout le monde l’explique la bouche en cœur : « Le rapport est très fidèle aux discussions qui ont eu lieu. » Syndicats, organisations universitaires, profs, parents d’élèves… Tous étaient invités à plancher sur l’avenir de l’enseignement supérieur afin de répondre à la mort annoncée d’APB, le système d’admission post-bac dont, depuis l’université de Nanterre, Les Jours racontent les multiples ratés dans Les années fac. Fini APB, a promis début septembre dans un entretien au JDD la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal. Et, dès ce lundi, accompagnée du Premier ministre Édouard Philippe, elle rendra ses décisions sur la concertation avec la présentation d’un « plan étudiants ».
On ne tirera plus au sort.
La principale, le président de la République Emmanuel Macron l’a annoncée lui-même dans son interview au Point le 30 août dernier : « On ne tirera plus au sort. » C’est donc le but premier du rapport remis il y une dizaine de jours à Frédérique Vidal sur le sujet : ne plus avoir des étudiants dans la situation de Sarah Sereni, que nous suivons depuis la rentrée dans cette série. Elle voulait rejoindre la filière Staps dite « en tension », n’a pas fait partie des heureux élus tirés au sort, et s’est retrouvée en licence… d’archéologie pendant un mois, avant d’être repêchée in extremis début octobre en Staps. En sortant d’une énième réunion au sujet de son orientation début septembre, l’étudiante, qui a eu son bac S avec mention assez bien, pestait contre ce système : « À quoi ça sert de tirer au sort des élèves qui vont abandonner ? Laissez la place à ceux qui veulent vraiment la filière. » Pour l’université, tirer au sort, c’est refuser de faire de la sélection sur dossier. Mais tirer au sort, c’est refuser, et sans raison, de donner leur chance à des élèves.

Sarah Sereni pensait avoir toutes ses chances d’entrer à l’université avec son choix numéro 1. « Même mes profs du lycée étaient surpris que je sois refusée. » Alors on fait comment ? « Il faut augmenter le nombre de places, de moyens, d’infrastructures, de profs », répond Hervé Christofol de la Snesup. Cette semaine dans une interview à L’Obs, la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal pose des chiffres : « Dans le budget 2018, 175 millions d’euros supplémentaires pour les universités », ajoutés à « 100 millions qui ont été débloqués pour accompagner le pic démographique » et « 450 millions spécifiquement (sur) la réforme du premier cycle ».
Pour appuyer ses décisions, la ministre avait commandé un rapport à des « groupes de travail », qui lui a été remis il y une dizaine de jours.