Les garçons de la seconde Production conception mécanique (PCM) ont 15 ans. L’âge exaltant et inquiétant de toutes les premières fois. Les petites premières fois : le café pris en terrasse, seul sans adulte. Le baiser. Le concert avec les copains. La maison à soi, sans les parents, pour le week-end. Les heures si précieuses à glander avec ses meilleurs amis sur un banc ou au fond d’un canapé. Et l’âge des grandes premières fois – premier scooter, premier rapport sexuel, première cuite, premier joint, première clope –, celles qui inquiètent les adultes. Celles qui peuvent provoquer ce que l’on nomme des « comportements ou conduites à risque ».
La drogue par exemple. Au début de l’année, quand on en a vu un rouler un joint pas très loin du parking du lycée, on s’est dit qu’il s’agissait peut-être juste d’une cigarette. Puis on a senti l’odeur. On s’est dit qu’il prenait un gros risque. Et si un professeur arrivait pile à ce moment-là ? Ou un surveillant ? Puis on s’est aperçu qu’il n’était pas le seul. Personne n’ignore que de nombreux élèves fument du cannabis. Des enseignants nous ont déjà dit être alertés par le comportement d’élèves qui s’assoupissent en cours ou qui ont les yeux rouges (pour l’un d’entre eux, il s’est avéré que ce n’était pas du cannabis mais un problème de santé chronique). Pendant les récréations et les heures creuses, une fois franchie la grille du lycée, ils s’isolent par grappes dans les bois alentours. « Certes, ils ne sont pas dans l’établissement, mais on ne peut pas ne rien faire, dit Valérie Clérin, la proviseure adjointe. Au bout d’un chemin, le propriétaire d’une belle propriété privée a failli en venir aux mains avec des élèves. Ils restaient aux abords de la maison sans avoir conscience que ce n’était pas un lieu public. »

« C’est un problème sérieux, observe Valérie Clérin. Certains de nos élèves n’ont pas conscience du danger de la dépendance. Ils consomment pour se changer les idées, se disent que ce n’est pas grave. » Contrairement à d’autres lycées du secteur, celui de Fontaineroux « n’a pas de problème de deal », mais Valérie Clérin assume de faire la police dans l’établissement et ne rien laisser passer. À l’internat, un élève qui avait roulé un joint s’est fait exclure huit jours de l’établissement. « On ne va pas le mettre dehors, ça ne servirait à rien, admet la proviseure.