Ce matin, les garçons de la 2de PCM ont couru dans le stade Paul-Hébras, à Champagne-sur-Seine. Il y avait les « tortues », ceux qui marchent plus qu’ils ne courent ; les « gazelles » et les « guépards », qui foncent sur la piste pour arriver les premiers. La prof d’EPS les a tous félicités parce que reprendre le sport après les vacances, c’est pas facile
. Elle les a aussi rappelés à l’ordre. Trois élèves en jean, c’est trop. Et pour les autres, même s’il n’y a ni vestiaires, ni douches au lycée, il faut quand même penser à venir avec un sac de change. Pour l’hygiène.
Ils sont repartis, crevés et en jogging.
« Vous avez sport le mardi matin mais je vous préviens, c’est la seule fois de l’année où j’autorise le jogging, annonce le professeur de productique Stéphane Paillot. En atelier, je veux vous voir en jean. » Personne n’ose répliquer qu’il n’y a pas de vestiaires pour se changer ou de casiers pour laisser son sac de sport. Le professeur le sait. Il promet d’en parler à la vie scolaire mais il insiste : Je ne connais pas la composition de vos joggings et ça peut être dangereux. Alors vous venez en jean. Vous comprenez ?
Les élèves de la 2de PCM acquiescent, assis sagement derrière les tables d’une salle de classe nichée au fond de l’atelier. C’est leur première séance. En début de cours, Stéphane Paillot les a accueillis d’un Bonjour messieurs
sonore et intimidant. Sous la charpente de l’atelier que les grandes verrières inondent de lumière, les garçons se sont déplacés avec prudence.

Ils avaient hâte de se frotter enfin aux machines. Ils n’y toucheront pas avant au moins trois semaines. Ils doivent d’abord assimiler les règles de sécurité, apprendre le vocabulaire énigmatique et précis de la mécanique et se familiariser avec les sensations nouvelles procurées par l’atelier - le vacarme sourd des fraiseuses et des tours, les voix fortes des professeurs pour le couvrir. Au prochain cours, ils seront répartis en deux groupes. Quatre enseignants vont les encadrer. Stéphane Paillot et Alain Konyk seront leurs professeurs en atelier huit heures par semaine. Karim Chekroune et Benjamin Gillot auront quatre heures pour la théorie, la CAO (conception assistée par ordinateur) et la technologie.
On va vous matraquer avec la sécurité. Demain matin, vous allez encore avoir quatre heures de sécurité. Ici, le danger existe réellement.
L’heure tourne et il a surtout été question de sécurité. « C’est pas fini la sécurité ! On va vous matraquer avec la sécurité, répète Stéphane.