«Vous vous installez en silence ! Aïssa, tu mets ton sac par terre ! Julien, assieds-toi correctement. Non, non, pas les écouteurs ! Damien, tu as oublié ton cahier ? Qui peut lui prêter une feuille ? Tu ne tchipes pas, s’il te plaît ! » L’enseignant, debout entre les rangs, observe maintenant sa classe de seconde Production conception mécanique (PCM) plonger enfin dans le silence. À 42 ans, Xavier Seguin enseigne les lettres et le français depuis quinze ans dans ce lycée et n’ignore pas combien il peut être compliqué pour ces anciens collégiens de replonger dans les cours d’enseignement général (lire l’épisode 5, « “C’est pas trop difficile d’avoir des bonnes notes” »). La plupart d’entre eux avaient des difficultés dans ces matières, ce qui explique en partie leur orientation en filière professionnelle. « Ils ont encore du mal à s’exprimer à l’écrit ou à comprendre un texte. » En bac pro, l’enseignement est réparti en deux pôles. Les matières professionnelles (l’atelier, les semaines de stage) et les matières générales. Chaque semaine, les secondes PCM ont deux heures de sciences, deux heures de maths, deux à trois heures d’histoire-géo, trois heures de français, deux heures d’anglais et deux heures d’EPS. Le reste du temps est consacré à l’atelier et aux cours de construction. Le jour de la rentrée, Karim Chekroune, leur prof principal, m’expliquait déjà que les élèves étaient souvent enthousiastes à l’atelier mais plus difficile à motiver en matières générales.
Ce jour-là, les élèves de 2de PCM poursuivent l’étude d’un extrait des Misérables, de Victor Hugo. Le récit de la cavale de Jean Valjean, planqué à Montreuil-sur-Mer sous l’identité de M. Madeleine.