Au poker menteur de la fabrique des grandes réformes sociales, un jour ou l’autre vient le moment de dévoiler son jeu. Jusqu’ici, le gouvernement avait tout gardé dans sa manche dans le dossier des retraites, au prix d’une longue valse-hésitation de près de deux ans. L’indécision de l’exécutif a beaucoup agacé les syndicats. Les annonces d’Édouard Philippe les ont tous mis en colère. À l’inverse du mouvement des gilets jaunes où il fut très exposé, Emmanuel Macron a envoyé son Premier ministre en première ligne pour sortir du flou. Dans son discours d’une heure, prononcé ce mercredi midi au Conseil économique, social et environnemental (Cese), Édouard Philippe a tenté de préciser et de rassurer sur le projet du gouvernement. In fine, même la CFDT est très fâchée. Elle est pourtant favorable à un régime par points, dont le Premier ministre a confirmé la mise en œuvre progressive à partir de 2037, pour les générations nées après 1975.
Problème, Édouard Philippe a aussi annoncé l’instauration d’un « âge d’équilibre », jusqu’ici appelé « âge pivot », fixé à 64 ans avec un système de bonus-malus, afin « d’inciter les Français à travailler plus longtemps ». Autrement dit, l’âge légal reste fixé à 62 ans mais les salariés sont quand même priés de ne pas solder leurs droits tout de suite.