Cela semble remonter à des mois en arrière. Jusqu’en février, le pouvoir était concentré sur la réforme des retraites, instaurant un système par points, qui devait être votée avant l’été
Le déconfinement progressif dans les établissement scolaires dès le 11 mai, ainsi que l’a annoncé Emmanuel Macron (lire l’épisode 48 d’En quarantaine), n’a pas le soutien du Conseil scientifique Covid-19, premier du genre, créé le 10 mars. Dans leur avis du 20 avril, rendu public seulement cinq jours plus tard, les quatorze scientifiques prennent clairement position contre, proposant de « maintenir les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités fermés jusqu’au mois de septembre ». Actant que « le risque de formes graves est faible » parmi les moins de 18 ans, en revanche, « le risque de transmission est important dans les lieux de regroupement massif que sont les écoles et les universités, avec des mesures barrières particulièrement difficiles à mettre en œuvre chez les plus jeunes », écrivent-ils, alors que la décision présidentielle est connue depuis le 13 avril. Un second avis, rendu le 24 avril, vient même détailler une foule de « conditions sanitaires minimales » à ce déconfinement scolaire, insistant, en creux, sur le péril de l’exercice. Les scientifiques se sont donc affranchis de la tutelle élyséenne, qui les a nommés début mars.
Rien de mieux que la multiplication des experts pour diluer l’expertise. Le politique consulte un tas de monde et s’appuie sur les avis qui l’arrangent.
L’affaire n’est pas si évidente : l’indépendance des scientifiques vis-à-vis du politique est loin d’être acquise parmi ceux qui conseillent le pouvoir.