Après les avoir boudés pendant des mois, Emmanuel Macron n’a jamais autant lancé de cartons d’invitation aux syndicats. Quand ces derniers ont refusé, mardi 18 avril, de se rendre au rendez-vous au Château, le président de la République a déclaré vouloir les réinviter « courant mai », dans une interview aux quotidiens régionaux du groupe Ebra, pour discuter du « pacte de la vie au travail » que l’exécutif met sur la table en guise de contrepartie au relèvement de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Mercredi 26 avril, en présentant sa feuille de route sur les cent prochains jours décrétés par le président de la République, la Première ministre, Élisabeth Borne, a elle aussi appelé les syndicats à reprendre le dialogue, en particulier sur la question de l’usure professionnelle. Matignon prépare un nouvel agenda social et un calendrier de négociations afin d’aboutir à un projet de loi début 2024. Promis juré, la macronie est prête à changer sa méthode de dialogue social, qui consiste, depuis la réforme des ordonnances travail en 2017, à contourner les corps intermédiaires (lire les épisodes 5 et 6 des Conseillers). Directeur de recherches à Sciences-Po et spécialiste des mouvements sociaux, le sociologue Guy Groux revient, pour Les Jours, sur les évolutions du dialogue social et la place de l’État dans les rapports sociaux.
La défense du régime des retraites, en 1995, 2003, 2010 et 2023, fédère à chaque fois largement, toutes générations confondues, avec une forte conflictualité. En quoi est-il central dans le système social français ?