«Vous pouvez citer : “dans l’entourage de…” » Les journalistes sont habitués à cette sempiternelle formule lorsqu’un conseiller ministériel accepte de leur parler. Dans l’espoir d’obtenir plus tard de très hypothétiques confidences exclusives, la plupart se plient à la règle et ne citent pas son nom. Nous allons y déroger – sans vergogne – pour Antoine Foucher. Le directeur de cabinet de Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, homme pivot de la réforme du Code du travail, organisait hier, rue de Grenelle, un « briefing » des journalistes sur les ordonnances dévoilées le matin aux syndicats, puis au grand public lors d’une conférence de presse. Objectif de l’exercice : donner un « éclairage technique » (selon les termes de l’invitation envoyée à la presse) sur les 150 pages de texte, mises en ligne sur le site du ministère du Travail à la mi-journée. Le conseiller, donc, ne voulait pas être cité pour ces précisions apportées devant une cinquantaine de journalistes le pressant de questions sur les nombreuses annonces gouvernementales.

Les jours précédents, le même Antoine Foucher est pourtant apparu et s’est même exprimé sur TF1, ainsi que sur RTL. Mais dans des sujets très proches de l’exercice de communication, visant à préparer les esprits à la réforme à venir. On y entend et aperçoit aussi Yves Struillou, directeur de la DGT, la direction générale du travail. Celui qui, à l’intérieur de son administration, a organisé l’écriture des ordonnances de la façon la plus étanche possible, pour éviter la moindre fuite (lire l’épisode 6, « Méfiance sur ordonnances »). Désormais, dans des cabinets en sous-effectif, les directeurs d’administration sont priés de venir prêter main forte aux conseillers débordés.
Le champagne a dû couler à flots à l’université du Medef, ils ont pu faire passer tout ce qu’ils n’avaient pu obtenir ces dernières années.
Si les conseillers sont mis en avant pour « vendre » leurs réformes, il n’y a plus aucune raison de ne pas les citer nommément. Surtout lorsqu’ils sont si éclairants. Avant la séance de questions-réponses, le préambule du dircab de Muriel Pénicaud devant les journalistes fut limpide : « Notre réforme change l’état d’esprit du Code du travail », déclare le conseiller.