À Montargis, dans le Loiret, seules quelques affiches pour Marine Le Pen, en partie déchirées sur les pylônes de l’échangeur autoroutier, signalent l’approche de la présidentielle. À la sortie de l’agence Pôle emploi où nous nous rendons régulièrement depuis bientôt un an, les électeurs chômeurs nagent en plein doute. Ce jour-là, six d’entre eux ont accepté de parler politique avec nous. Chacun a son histoire, ses idées, un cheminement qui lui est propre. Leur point commun : ne pas savoir avec certitude à qui donner sa voix. À moins qu’ils ne soient déjà convaincus de ne pas aller voter… Certains ont cru au pouvoir des urnes, « dans le temps ». Mais leur foi s’est évaporée. Le Front national, omniprésent, est tout sauf un tabou. Ils ne sont sûrs que d’une chose : l’issue du scrutin ne changera rien à leur vie.
Marie-France, 47 ans, est la seule à voter par principe, parce que c’est un droit qu’il ne faut pas laisser croupir. Quant à savoir pour qui… « Je lirai les programmes quand ils les enverront », tranche cette ouvrière au chômage depuis 2015. Quand nous l’avions sondée la première fois (lire l’épisode 1, « Les électeurs des “Jours” »), elle hésitait à choisir Marine Le Pen. Marie-France pense que « trop de gens entrent en France » alors que le boulot manque. Mais le discours anti-immigrés ne la met pas complètement à l’aise. «