Quand on avait parlé présidentielle pour la première fois avec Jean-Pierre Charlot, vigneron dont je suis le travail pendant un an pour Les Jours, il ne savait pas encore pour qui il allait voter. C’était dans un autre temps, une autre ère politique. La primaire de la droite approchait. Alain Juppé était son favori. François Hollande restait un probable candidat pour le Parti socialiste… Depuis, les choses se sont largement éclaircies, et Jean-Pierre Charlot sait : il ne votera pour personne au premier tour cette fois-ci. Une première. Il est issu d’une famille gaulliste, a lui-même voté Giscard, Chirac, et même Sarkozy en 2012 parce que DSK était hors course (lire l’épisode 3, « Jean-Pierre Charlot, cerné par le FN »). Mais cette fois, il se dit « écœuré plus que déçu ».
Depuis les États-Unis qu’il sillonne en ce moment pour rencontrer ses acheteurs, il m’écrivait l’autre jour : « C’est un grand cirque, pour ne pas dire un grand bordel. On est tombé à niveau très bas du fait des multiples affaires et je pense que, malheureusement, le parti des racistes et celui des abstentionnistes seront les plus importants dans cette élection. À ce jour, je suis dans l’expectative : je ne sais pas encore si je voterai blanc ou si m’abstiendrai. » Il en veut aux hommes politiques pour « leurs mensonges », leurs « promesses non tenues », leur « mépris des électeurs », leur « sphère trop éloignée des Français et du monde du travail ». Il ajoute :