Depuis le dimanche du premier tour, Sophie s’est « glissée dans la peau d’une autruche qui se cache dans son trou ». Elle essaie de s’épargner le spectacle de l’entre-deux-tours. « Ce n’est pas beau à voir. » Aux dernières nouvelles, dimanche 23 avril, Sophie a voté. C’est déjà un changement dans sa vie. Petit à petit, la quadragénaire s’était éloignée de la politique, elle avait laissé s’effilocher son intérêt, et avait déserté les scrutins. Mais pas cette fois. Sophie qui était attablée au café du Bataclan quand les terroristes sont arrivés le soir du 13 novembre 2015 avait, depuis les attentats, décidé se réinscrire sur les listes électorales. À nouveau, elle s’est sentie « concernée » et volontaire pour participer. À la présidentielle, elle a voté pour Benoît Hamon : « C’est le seul qui me donne l’impression de vivre dans le même monde que moi, dans la vraie vie », expliquait-elle le jour de l’élection.
Les résultats de dimanche l’ont effrayée : « Le score du FN me paraît terrible. Mais on me dit qu’on “savait”, que c’était sûr que Marine Le Pen serait qualifiée au deuxième tour. Les gens se réjouissent parce qu’elle n’est pas première. Sa victoire passe pour une banalité », dit-elle avec un débit inhabituel, haletant. Elle ne comprend pas qu’il n’y ait pas eu de moment de « stupeur » après les résultats. « Quand j’ai vu sa tronche à l’écran, j’ai eu peur », retrace-t-elle.
En face, Emmanuel Macron ne la rassure pas vraiment.