«Un tiers de militants insoumis qui vont voter Macron, ça me semble encore beaucoup. » Vincent Martinez est « mitigé » depuis qu’il a pris connaissance des résultats, donnés mardi, de la consultation des soutiens de Jean-Luc Mélenchon sur la plateforme de la France lnsoumise – 36,12 % d’entre eux se sont prononcés pour un vote blanc ou nul, 34,83 % pour un vote Emmanuel Macron, 29,05 % en faveur de l’abstention.
L’ancien syndicaliste CGT d’Air France, licencié à la rentrée 2016 par la ministre du Travail, Myriam El Khomri, après l’« affaire de la chemise », est aujourd’hui en contrat d’intérim dans une PME du secteur des transports. Nous l’avions interviewé au lendemain du premier tour (lire l’épisode 10 de notre série Marche ou crève). Et déjà, il se disait certain de voter blanc le 7 mai – mais pas question de s’abstenir car voter est un « devoir ». « Rien n’a changé », assure-t-il dix jours plus tard. Lui a suivi la campagne de Jean-Luc Mélenchon « de loin », mais restera « droit dans [ses] bottes ».
Le choix de certains Insoumis de bloquer le FN peut se comprendre. Mais j’ai du mal à cautionner ce discours. Macron a dit qu’il gouvernerait par ordonnances.
« J’observe que beaucoup ont retourné leurs vestes ces derniers jours. Mais je ne comprends pas. Emmanuel Macron n’a pas fait que du bien à la France. Et s’il est élu, il prépare une loi travail encore plus pourrie. » Pour lui, pas de distinguo à faire donc entre le candidat d’En marche et la candidate du Front national. « Je suis passé dans les manifestations du 1er Mai. J’ai vu beaucoup de slogans contre le FN, d’autres contre Macron. Moi, je suis partisan du ni-ni. Ni banquier, ni raciste. Je mets les deux sur un pied d’égalité. »
Au bout de quelques minutes de discussion, il hésite quelques secondes, bafouille un peu, puis concède : « Le choix de certains Insoumis de bloquer le FN peut se comprendre. Mais j’ai du mal à cautionner ce discours. Macron a dit qu’il gouvernerait par ordonnances. » La perspective de voir Marine Le Pen arriver au pouvoir ne lui fait pas peur : « Elle ne pourra pas gouverner, elle n’aura pas de majorité », estime-t-il. Craint-il qu’elle instaure un régime brutal avec certaines catégories de population ? À nouveau, l’ancien syndicaliste renvoie les deux candidats dos à dos. « De toutes manières, la France n’avancera pas, ni avec l’un, ni avec l’autre. Aucun des deux n’est réjouissant. Les deux sont has been. »