Au moment de notre dernière discussion politique avec Jean-Pierre Charlot, il avait d’autres préoccupations. Le gel menaçait la Bourgogne, le vigneron craignait d’y perdre sa récolte. Mais il restait très intéressé par le scrutin présidentiel, même si la campagne l’écœurait. Depuis, la menace a été écartée, du moins celle du gel. Volnay a pour la première fois depuis très longtemps allumé des feux pour protéger ses vignes (lire le dernier épisode de notre série Raisins et sentiments), le vigneron pourrait se concentrer sur l’élection, mais un ressort semble cassé. Il semble désormais en être au stade de la nausée. Le débat de mercredi soir à la télé l’a achevé.
Lorsque je l’ai relancé vendredi pour lui demander s’il pensait participer à ce article, il m’a répondu ceci, par mail : « Puisque je me suis engagé vis-à-vis des Jours je vais jouer le jeu, mais je suis encore plus écœuré après ce triste débat indigne de notre République. » Il avait détesté « l’arrogance, les mensonges et la violence » de Marine Le Pen. Trouvait insupportable qu’elle « porte des accusations gratuites », qu’elle mente, qu’elle ne soit « pas capable de parler sans regarder ses fiches ». Jean-Pierre Charlot vient d’une famille de droite classique, gaullienne. C’était sa culture au départ, avec une ligne blanche qui le tient soigneusement à l’abri des tentations extrémistes. Le vote FN n’a jamais été sa tasse de thé. Mais là, visiblement, il a été étonné du niveau de la candidate.