Marie Desplechin est chez elle, elle offre un café et demande très poliment la permission de fumer. Avec un vigneron, un chanteur, des profs ou encore une chômeuse, l’écrivaine fait partie de nos Électeurs, un panel sensible, concocté maison. Elle s’installe sur son canapé et commence à parler comme si on s’était quittées hier.
J’avais rencontré la romancière quand, avec d’autres intellectuels, elle avait appelé à une primaire de toutes les gauches (lire l’épisode 22 de l’obsession Politique année zéro). C’était une tentative pour éviter l’élimination de la gauche au premier tour de la présidentielle, et aussi pour « refaire une fraternité dite de gauche », dans une époque où il n’y a plus ni récit, ni parole commune pour la souder et où « le système politique dévitalise les gens, les abîme ». Rien à voir avec la compétition organisée par le Parti socialiste et qui a débuté le 15 décembre. « Aujourd’hui, quand on lit les journaux, on a l’impression que tout le monde joue à un jeu de Rubik’s cube géant : ils en sortent un, puis l’autre. Ça n’a aucun sens... »
La politique, pour mes enfants, c’est un truc moche. Ce n’était pas le cas pour moi.
Marie Desplechin est née dans une famille de « cathos de gauche », socialistes, dans le Nord de la France. Elle se souvient que ses parents avaient « des camarades », il y avait des grandes tablées, les réunions de militants ressemblaient à des fêtes. La politique, l’état du monde nourrissaient les conversations à la maison.