La première fois qu’on en a discuté ensemble, c’était il y a un siècle environ, en novembre dernier. Une époque révolue où le paysage politique était encore encombré par la figure repoussoir de Nicolas Sarkozy. Et sclérosé par l’indécision de François Hollande. Antoine Labaere, 33 ans, me disait que pour la première fois dans sa vie d’électeur, il envisageait très sérieusement ne pas aller voter au second tour de la présidentielle. Depuis, la donne a changé. Le spectre Sarkozy a disparu. Le « décevant » Hollande s’est retiré. Mais le risque Le Pen est toujours là. « On se dit toujours que le vote utile, c’est terminé. Et dès qu’on se rapproche de l’échéance, on se dit qu’il faut voter quand même. » Mais ce professeur d’histoire-géo très à gauche sait que cela risque d’être « la mort dans l’âme ». Il répète « Fillon, François Fillon. Ça va pas être facile… »
Je n’ai pas vu avec Hollande l’utilité de mon vote utile.
Antoine Labaere est un électeur de gauche, préoccupé par la question politique. Je l’ai connu au tout début des Jours, il était le prof principal des troisièmes B, la classe que nous avons suivie durant toute une année. Il est toujours prof à Aimé-Césaire, un collège classé en éducation prioritaire dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Il a quasiment toujours enseigné dans des établissements de quartiers dits « difficiles », c’est-à-dire pauvres. Et considère que son travail est une forme d’engagement politique plus efficace que le choix qu’il fera – ou pas d’ailleurs – lors de la prochaine présidentielle.