Quand je l’ai appelé l’autre jour pour parler de politique, Gilles Mathieu semblait intéressé, puis de longs soupirs, des silences ont émaillé la discussion. Il fait partie de ces électeurs qui ne se sentent plus du tout en phase avec le personnel politique. Il voit tout autour le vote FN progresser. Lui-même votait à gauche, mais ne sait pas trop ce qu’il va faire au printemps.
Gilles Mathieu était journaliste au Bien public à Beaune (Côte-d’or), suivait le sport et la viticulture, a quitté son journal quand le Crédit mutuel l’a racheté, puis il s’est reconverti comme ouvrier agricole chez Voillot, excellent domaine viticole de Volnay que je suis pendant un an pour Les Jours, pour raconter la succession entre un oncle et son neveu, et comment faire du bon vin.
Je ne comprends pas comment on peut ne pas pédaler dans le même sens quand on est dans le même parti. Comment tu veux rassembler la France si tu commences en te divisant dans ta famille ? Ça part en saucisse dans tous les sens.
Il a pris sa retraite en novembre dernier, mais Jean-Pierre Charlot a prévu de le faire travailler encore un peu, pour ne pas qu’il déprime. « Je dois juste attendre d’avoir 62 ans, le mois prochain », précise Gilles. En attendant, il s’occupe, bataille avec la paperasserie liée à sa retraite, aux mutuelles, a suivi la primaire de gauche avec un détachement moqueur.
« C’était un joli bordel, résume Gilles Mathieu.