Vendredi 11 novembre à la mi-journée, le journaliste des Jours Olivier Bertrand a été arrêté par la police turque, à Gaziantep, dans le sud du pays, où il était en reportage. Olivier était accompagné d’un photographe turc ; ils ont été emmenés dans un commissariat de cette ville du sud de la Turquie toute proche de la frontière syrienne. Le photographe a été relâché en fin d’après-midi mais pas Olivier, toujours retenu sans aucune explication. L’association Reporters sans frontières « considère que la garde à vue du journaliste des Jours Olivier Bertrand en Turquie est illégitime et relève de l’intimidation ». Les Jours exigent sa libération immédiate.
Olivier Bertrand travaille depuis plus d’un an sur la Turquie pour des reportages publiés dans la série La charnière. Il était de retour en Turquie, pour une deuxième saison de La charnière, consacrée à l’après-coup d’État.
Nous avons pu correspondre avec Olivier vendredi après-midi jusqu’à ce que la police confisque ses téléphones ainsi que son ordinateur et décide de le mettre en garde à vue. Les Jours ont pris contact avec le ministère français des Affaires étrangères où l’affaire est prise au sérieux. Cette arrestation s’inscrit dans le contexte de purges qui ont suivi la tentative de coup d’État de juillet 2016, relatées par Olivier Bertrand.
La purge se poursuit, touchant, ce vendredi 11 novembre, singulièrement la presse, avec l’arrestation, quelques heures avant celle d’Olivier Bertrand, d’Akin Atalay, le patron du quotidien turc d’opposition Cumhuriyet, transformé en « machine à scoops », écrit Le Monde, sous la houlette de Can Dündar, ce journal dont neuf journalistes ont été jetés en prison la semaine dernière, rejoignant 105 de leurs confrères, emprisonnés depuis le coup d’État, selon l’Association des journalistes de Turquie (TGC) qui dénombre également la fermeture de 170 organes de presse.
Depuis l’annonce de cette arrestation arbitraire, de nombreux lecteurs, personnalités, confrères dans le monde entier se sont mobilisés, nous les en remercions. Les Jours relateront ici l’évolution de la situation d’Olivier.
Dimanche 13 novembre. Olivier Bertrand est toujours retenu à Gaziantep sans que Les Jours aient pu entrer en contact avec lui. Sur Europe 1, le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a déclaré : « Ce qui se passe est profondément choquant, inadmissible. La France exige la libération de ce journaliste. » Ajoutant : « Nous faisons tout pour obtenir sa libération. »
Dimanche 13 novembre, 17 heures. Nous venons d’avoir la confirmation par le ministère des Affaires étrangères que la procédure d’expulsion d’Olivier Bertrand est en cours. Il a été transféré dans la journée depuis Gaziantep vers un centre de rétention proche d’Istanbul et devrait être expulsé dans les heures qui viennent.
Dimanche 13 novembre, 18 heures. Nous apprenons qu’Olivier est dans un avion en direction de Paris. À plus tard pour de nouvelles informations et merci à tous pour vos innombrables messages de soutien.
Dimanche 13 novembre, 23 heures. L’avion de Turkish Airlines s’est posé dimanche à 22 h 04 à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. À son bord, notre journaliste Olivier Bertrand. Interpellé vendredi dans la région de Gaziantep en plein reportage, Olivier a été retenu tout le week-end par la police turque, sans que jamais ne lui soit expliqué le motif de cette arrestation arbitraire. Dimanche en fin d’après-midi, il a été expulsé. Le temps de reprendre son souffle, Olivier va écrire le récit de ses quelques jours en cellule, symbole d’une Turquie qui a basculé.