«Quand tous les lobbies essayent déjà d’enfoncer la porte, pourquoi leur donner un bélier avec le Ceta ? » À peine François de Rugy parti du ministère de la Transition écologique, revoici son prédécesseur, Nicolas Hulot, donnant de la voix dans une tribune publiée en début de semaine sur le site de France Info. Il appelait les députés français à avoir « le courage de dire non » et à ne pas ratifier le Ceta (pour « Comprehensive Economic and Trade Agreement »), le traité de libre-échange entre le Canada et la France. Le texte ne se contente pas de baisser les droits de douane. Il menace aussi des normes environnementales édictées au niveau européen, plus strictes que sur le territoire canadien. Mais l’ancien ministre, qui avait dénoncé le poids des lobbies au moment de sa démission surprise il y a un peu moins d’un an (lire l’épisode 16, « Les lobbies ont sonné l’hallali de Hulot »), n’a pas été suivi par une majorité des députés. Hier, ils ont finalement validé le texte, par 266 voix pour, 213 contre, 74 abstentions et 23 absents. La courte majorité (il y a 301 députés La République en marche) entérine une division de l’Assemblée nationale sur un texte très contesté, notamment aussi pour ses effets sur la changement climatique. Mais le Ceta ne sera pas renégocié comme l’espéraient ses détracteurs. Les lobbies qui l’ont le plus soutenu, et ont même présidé à sa conception, voient de longues années d’efforts récompensées.
Vous ne pouvez pas fabriquer vos faits parce que vous n’aimez pas ce que vous entendez.
Hasard (signifiant) du calendrier, Greta Thunberg, jeune militante suédoise de la lutte pour le climat, était invitée, le même jour, par un groupe transpartisan de députés, à venir s’exprimer à l’Assemblée.