À son arrivée en Syrie et avant de rejoindre l’État islamique (EI), Bilel a d’abord intégré Harakat Sham al Islam, une unité jihadiste proche d’Al Qaeda composée essentiellement de Marocains (lire l’épisode précédent). Il y a fait la connaissance d’un autre Français arrivé un an avant lui, en 2013 : Abu Maryam. Kevin, de son vrai prénom, est un converti de 25 ans, originaire de Toulouse, connu en France pour son addiction à la fumette, des faits de petite délinquance, trafic de drogue et cambriolages.
Même s’il est alors encore actif au sein d’Harakat Sham al Islam, mouvement pro-Al Qaeda, Abu Maryam, élevé dans le quartier populaire du Mirail où il faisait aussi du rap dans son autre vie, rêve de rejoindre le camp rival, celui de l’État islamique (EI) et s’en ouvre vite à Bilel. Les deux hommes passent le ramadan ensemble, Abu Maryam héberge Bilel une quinzaine de jours et, peu à peu, le convainc : l’État islamique est mieux géré, dit-il, mieux organisé, il faut installer la charia et il faut l’installer maintenant.
Dans le rif de Lattaquié, c’est le Far West.
Abu Maryam commence à être mal vu par les jihadistes marocains de Harakat Sham al Islam : Ils savaient qu’il était pro-Dawla.
Entre les deux tendances jihadistes, il y a des différences. Dans la doctrine, ils sont semblables, mais dans la politique religieuse, dans le fait de vouloir appliquer la charia maintenant, ou après, ou graduellement, c’est pas pareil.
Côté Harakat Sham al Islam, on reproche aussi à l’EI de tuer des musulmans.