«Le déclic, c’était les attentats de Paris. » Après le 13 Novembre, Bilel décide de quitter l’État islamique (EI) avec femme et enfants. Il aura passé plus d’un an au sein de l’EI où il était conducteur de minibus mais pas combattant, affirme-t-il : Bilel convoyait les candidats au jihad vers les différentes zones de conflit.
Sa femme, Bilel l’a rencontrée via Facebook et l’a fait venir de France. C’est d’ailleurs également sur le réseau social que Nabia a découvert l’État islamique : Elle a voulu venir vivre ici. Parce qu’en France, interdiction du foulard à l’école, du niqab dans la rue… C’est une politique, ce sont des mesures qui sont islamophobes.
Cette jeune Française d’origine algérienne est âgée de 22 ans. Elle a déjà deux filles avec lesquelles elle a quitté la France pour rejoindre Bilel et l’EI. À son arrivée, elle est envoyée dans l’une des maisons pour femmes de Raqqa. Bilel, lui, a en main un papier signé de son émir l’autorisant à se marier avec Nabia et c’est devant un juge islamique, au tribunal, que se conclut le mariage. En Syrie, c’est une obligation religieuse faite à tout jihadiste, il faut accomplir « la moitié du din », c’est-à-dire se marier.
La fonction de Bilel au sein de l’EI lui assure une stabilité : logement, salaire (50 dollars par mois versés régulièrement), nourriture, etc… Une fois marié, Bilel a pu trouver un appartement. Au sein de l’EI, les combattants célibataires vivent en caserne, dans les maqqar. Les couples, eux, peuvent emménager dans des appartements privés, parfois fournis par l’EI. L’ameublement est à la charge des combattants et Bilel va payer avec une prime de 1 500 dollars offerte par l’administration à chaque nouveau mariage. En Syrie, le couple de Français donne naissance à un petit garçon. Un bébé avec un certificat de naissance écrit en français et en arabe mais avec le tampon de l’EI, non reconnu ni par la France, ni par la Syrie et donc par définition apatride. Et ça, c’est un problème parce que le petit pour rentrer, il a pas de papiers.
La question est d’ailleurs évoquée dans la conversation entre Bilel et le consulat de France à Istanbul qui précède son départ de l’EI (lire l’épisode 1, « Quitter l’État islamique »).
Trois semaines après la naissance de leur fils, Bilel et Nabia prennent la décision de rentrer en France. La famille de Bilel entre alors contact avec l’ambassade de France en Turquie, qui propose de faciliter leur retour en liaison avec les autorités turques.