Quentin est tombé dedans quand il était petit. Il n’a guère eu le choix. Pendant plusieurs années, l’endoctrinement s’est joué dans son HLM, à Nice. En dehors de sa famille, et en toute décomplexion. Une prédication jihadiste de proximité, du quotidien. Un travail de fond patient, efficace et finalement meurtrier. Dans ce bastion de droite aux 1 300 caméras de vidéosurveillance, où ont émergé des figures politiques comme Éric Ciotti et Christian Estrosi, ardents promoteurs du tout-sécuritaire. Dans cette ville réputée pour sa douceur de vivre méditerranéenne et sa mythique promenade des Anglais, prisée par un électorat de seniors aisés et des touristes étrangers fortunés. C’est bien sous ce doux vernis du microclimat azuréen que, dès 2014, loin du label French Riviera et bien avant l’attentat du 14 juillet 2016 qui a fait 86 morts et 400 blessés, Nice est devenue la ville qui détient le record de France du nombre de jihadistes partis en Syrie. En tout, en comptant les hommes, les femmes et les enfants, plus d’une centaine de départs entre 2013 jusqu’au tassement, à l’été 2016. Comment expliquer un tel paradoxe ? En grande partie par la présence dans ses quartiers populaires, jusque fin 2013, d’une des personnalités les plus influentes du jihad français : Omar Omsen.
Je me rappelle d’une de ses phrases quand quelqu’un lui avait dit : “Je peux pas aller à la mosquée, je vais à la plage.” Omar lui a répondu : “Ben t’iras bronzer en enfer alors.”
Quentin vient d’une famille pauvre, père musulman pratiquant et mère chrétienne. Lorsqu’il commence à assister aux « réunions » d’Omar dans sa cité, il doit avoir autour de 11 ou 12 ans. Il ne sait plus très bien.