Étrange sensation de puissance que vit Zoubeir à son arrivée en Syrie : le jihad l’aurait-il subitement rendu beau gosse ? En France, il n’a jamais vraiment été le « swaggeur » du quartier. À 17 ans, il n’a jamais eu de relation intime avec une femme. J’étais quelqu’un de très faible, je tombais souvent malade.
Depuis qu’il a intégré l’EIIL (l’État islamique en Irak et au Levant, l’actuel EI), les demandes en mariage s’accumulent dans sa messagerie Facebook. Elles voyaient mes photos. J’avais des propositions tous les jours.
Les gens qui veulent se marier, vous prenez une photo avec deux kalash comme moi.
Un Français, figure connue parmi les jihadistes, arrivé quelques mois avant lui dans le groupe, avait expliqué sa technique à Zoubeir. « Il m’avait dit : “Les gens qui veulent se marier, vous prenez une photo avec deux kalash comme moi” et il a dit : “Vous allez voir, vous allez pécho.” Lui, il s’est marié comme ça avec quatre femmes là-bas. Trois Françaises et une Tunisienne. Comme il avait quatre femmes, il avait deux appartements. C’était l’EIIL qui lui avait fourni. Il s’affichait beaucoup sur Facebook. C’était soit pour faire le beau gosse et montrer à ses potes en France qu’il était là-bas, soit pour narguer les services antiterroristes en France, soit c’était pour attirer des femmes en Syrie. » Cette figure charismatique du jihad français a depuis été tuée en 2014 dans les combats opposant l’EI à Jabhat al Nusra, dans le nord de la Syrie.
Selon le témoignage de Zoubeir, l’une des activités principales des combattants étrangers est alors la drague sur internet, dans des cybercafés syriens.