Pendant un an, Les Jours ont mené des entretiens avec sept détenus dits « PRI » (« personnes radicalisées islamistes ») – dont Zoubeir – incarcérés dans différentes prisons. L’un d’entre eux, emprisonné après un retour de Syrie, raconte notamment son quotidien avec un jeune ayant tenté de s’y rendre plusieurs fois, sans jamais y parvenir. Les premiers mois, il est seul en cellule. Ensuite, ils m’ont mis avec l’autre zozo, là. C’était un champion du monde lui
. La vie avec ce codétenu se passe mal, pour des raisons idéologiques. « Il me disait : “Non, regarde pas la météo, c’est une prédiction sur l’avenir donc c’est du shirk.” Les infos, il voulait pas regarder parce qu’il disait : “C’est pas vrai ce qu’ils disent. La présentatrice, faut pas la regarder, elle est à poil.” Il enlevait le câble de la télé. Quand il entendait de la musique dehors, il fallait que je ferme la fenêtre. La cellule au-dessus demandait que je passe des cigarettes par la fenêtre, lui il voulait pas que je le fasse. Il me rendait fou. Je lui ai dit : “Prends le lit et étouffe-toi avec l’oreiller STP. Toi, tu veux mourir en martyr, c’est ça ton objectif ? Bah meurs tout de suite et laisse-moi tranquille.” »
À l’époque, ce champion du monde
a tout juste 18 ans.