La cheville baguée d’un bracelet électronique, Zoubeir comparaît libre devant le tribunal de grande instance de Paris. Nous sommes deux ans après son départ pour la Syrie, il a choisi volontairement de se rendre aux autorités consulaires françaises en Turquie et vient de passer un an en prison, en France. Tout son groupe, soit une quinzaine de personnes, est également cité à comparaître. Certains sont présents, d’autres encore en Syrie d’où ils suivent le procès sur internet. Le jeune avec qui Zoubeir était parti est présumé tué dans une opération kamikaze pour l’État islamique en Irak. Sans preuve, sa mort, non documentée, n’est pas reconnue par l’administration. Il est donc jugé lui aussi par défaut.
À la barre, tous ne sont pas au même niveau de radicalité. Dans le box, un des prévenus annonce d’entrée qu’il ne reconnaît que la justice de Dieu. Pas celle du juge. Il révoque son avocat et choisit d’assurer seul sa défense. Lorsque le président l’interroge, il prête allégeance à Abu Bakr al Bagdadi, émir de l’État islamique. Quand le procureur l’interpelle, il l’interrompt. C’est l’heure de la prière. Alors il se met à prier dans le box. C’est parfait, il va faire paratonnerre
, souffle l’avocat de Zoubeir à la pause. À côté, son client fait en effet figure de Bisounours. Malgré un contexte sécuritaire très tendu en France, son dossier plaide en sa faveur. Il est très jeune, affiche le profil d’un repenti crédible, s’est montré coopératif avec les autorités.