Qui suis-je ? Où vais-je ? À quoi sers-je ? Ça sent la post-dépression chez les socialistes encore tout traumatisés par leur score à la présidentielle et la quasi-éradication de leurs députés des bancs de l’Assemblée nationale. Dans l’hémicycle, le groupe PS – rebaptisé « Nouvelle gauche » – a été divisé par 10 environ. Cette morosité n’épargne pas la fédération de l’Hérault suivie par Les Jours depuis plus de six mois (lire l’épisode 4, « C’est comment qu’on rend sa carte au PS ? »). Ici, aucun des sept députés PS sortants – sur les neuf que compte le département – n’a été en mesure de se qualifier pour le second tour. « Nos militants – ce qu’il en reste – sont en souffrance avec cette accumulation de défaites répétées, lourdes et larges. Ils ressentent aussi une forme d’injustice en voyant remis en cause par la vague Macron les codes et principes du militantisme inscrit dans la durée. “Finalement, à quoi bon ?”, se disent certains », résume Hussein Bourgi le patron de la fédé de l’Hérault.
Mais du côté des dirigeants nationaux du PS, les initiatives se multiplient pour ne pas laisser le parti en jachère. Ce samedi, l’ex-candidat à la présidentielle, Benoît Hamon (6,3 %) lance à Paris son « Mouvement du 1er juillet ». Il dit vouloir « dépasser les partis pour bâtir une gauche de combat et de gouvernement » en secouant les propositions phares de son programme : revenu universel, transition écologique, partage du travail… Puis le 8 juillet, le parti tiendra un conseil national pour mettre en place la « direction collégiale » annoncée par le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis lors de sa démission, aux contours encore très flous. À ce jour, elle devrait être composée d’une quinzaine de membres indexés sur le poids politique des différentes motions issues du dernier congrès. Vous suivez ? Rien n’est encore définitivement acté mais le risque d’illisibilité politique et de caricature du PS guette. Cette nouvelle direction, quelle qu’elle soit, aura la modeste tâche de réinventer – et vite, si possible – ce « socialisme du XXIe siècle » devenu le nouveau mot d’ordre des autoproclamés héritiers de Jaurès.
Une chimère ? « Ce qui est certain, c’est que notre maison est totalement à terre. Il ne s’agit pas de la rénover mais de construire de nouvelles choses en partant d’un terrain vierge », estime Sébastien Denaja, ex-député de Sète, très proche de François Hollande et éphémère porte-parole de Benoît Hamon durant la présidentielle.