De Montpellier
Du chiffre ! À Montpellier comme dans le reste de la France, les socialistes prient Blum et Jaurès pour que leur primaire soit d’abord et avant tout un succès populaire. Peu importe en fait le nom du vainqueur, pourvu qu’il soit porté par une masse significative d’électeurs. Pour nombre de militants, cette question de la participation dimanche est quasi existentielle pour l’avenir du parti. Le PS tablait il y a encore quelques semaines sur au moins 2 millions de votants. Un chiffre revu à la baisse par le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, qui parle désormais de « succès » et de « dynamique » à partir de 1,5 million d’électeurs. Consigne a donc été passée dans les fédérations de déployer les militants avec un but unique : mobiliser.
Place de la Comédie, point névralgique de la ville de Montpellier, ils sont bien là, ce mercredi frisquet, dans ce goulet d’étranglement traversé par des flots incessants de passants attirés par les soldes du grand centre commercial Polygone. Vers 16 heures, Hussein Bourgi, premier fédéral de l’Hérault, arrive avec son cabas recyclable Carrefour lesté de centaines de petits tracts blancs. Dessus, un mot se détache en gros caractères rouges : « Votez ! » Entre deux sketches sur la place publique, un clown à l’énorme pif rouge s’approche et grimace sans que personne, dans la petite troupe militante, ne remarque ses pitreries. Et soudain, bam ! La musique plein pot qui démarre sur un terrain de handball éphémère installé là le temps de la Coupe du monde, qui se déroule ce moment en France : Final Countdown, le redoutable tube de stade du groupe suédois Europe, aux paroles finalement assez cocasses pour les camarades du PS (« We’re leaving together, but still it’s farewell, and maybe we’ll come back to Earth, who can tell ? » : « On s’en va ensemble mais c’est quand même un adieu, peut-être reviendrons-nous sur Terre, qui peut le dire ? »).
Petit paquet de feuilles en main, les militants se déploient mais restent groupés. On retrouve les jeunes visages du MJS local (lire l’épisode 3, « Les jeunes socialistes existent, nous les avons rencontrés »), celui de son dirigeant Bastien Frayssinoux, Lorenzo à la barbe brune, Jules, 19 ans, « encarté en décembre pour Hamon », ou encore ceux des novices Inès et Émilie. « Distribuer », comme on dit, requiert un subtil mélange d’intuition et de sens de l’observation. Il faut cibler des gens pas trop jeunes, pas trop pressés, pas trop