Une vingtaine de personnes, essentiellement des femmes, se pressent devant le rez-de-chaussée du 76 boulevard de Metz, situé à l’extrémité du parking de la supérette de quartier. Au pied de l’immeuble, un escalier en béton excentré donne sur le perron de l’association Espace santé. Une lourde porte s’ouvre. Ce vendredi, il y a une session pratique de naturopathie. Parmi les participantes les plus assidues se trouve Sadia. Cette quinquagénaire à l’accent ch’ti bien prononcé participe aux ateliers depuis plus d’un an. « Il y a quelques années, la naturopathie, je ne savais même pas ce que c’était », raconte-t-elle. Aujourd’hui, elle ne manquerait ce rendez-vous bimensuel sous aucun prétexte.
Au fond du local, trois tables et une vingtaine de chaises s’entassent dans une pièce à peine capable d’accueillir la totalité des participantes. Audrey Krüger, naturopathe professionnelle, a traversé la métropole lilloise depuis Marcq-en-Barœul, au nord de Lille, jusqu’au boulevard de Metz, dans le sud de la ville, pour les rejoindre. Dans sa besace, des conseils imprimés qu’elle distribue à l’ensemble de son auditoire et les ingrédients pour la recette bien-être du jour. « Vous voyez un peu tout le matériel qu’on utilise, et seulement en une séance ! », plaisante l’une des participantes en regardant les échantillons s’amonceler sur la table de travail. À l’extérieur de la structure, le prix moyen d’une session de cette médecine alternative serait compris entre 50 et 80 euros. Inabordable pour la majorité des femmes présentes. À l’Espace santé, cela ne leur coûte rien.
Les gens qui subissent une situation de pauvreté ont souvent un manque d’estime d’eux-mêmes qui engendre de la souffrance.
Boulevard de Metz, on observe les mêmes problématiques de santé que dans le reste de la région. Notamment un taux élevé de personnes atteintes de diabètes et de nombreux problèmes liés au cholestérol. En 2017, une personne sur vingt était diabétique dans la région, selon l’Agence régionale de santé des Hauts-de-France (ARS). Un chiffre en hausse et un record national. Dans le quartier, c’est pire, estime une préparatrice en pharmacie qui évalue à 60 % le nombre d’habitants concernés par le diabète. Pour Farida Abdelhadi, la directrice de l’Espace santé, ces chiffres sont accentués par la sédentarité et surtout la mauvaise alimentation des habitants, à la fois trop sucrée et trop salée. Un sujet primordial boulevard de Metz, sixième quartier le plus pauvre de France, et qui fera l’objet d’un prochain épisode.
Pourtant, rares sont les habitants à faire appel à un diététicien.