Ce mardi 4 mai sera voté en première lecture à l’Assemblée nationale le projet de loi « climat et résilience » [mise à jour : et ça a été le cas avec 332 voix pour, 77 contre et 145 abstentions], après trois semaines d’examen parlementaire. La députée non inscrite des Deux-Sèvres Delphine Batho, ancienne ministre de l’Écologie (2012-2013) de François Hollande et présidente de Génération écologie, privée de temps de parole pendant les débats par le jeu de la procédure accélérée, en dénonce le fond comme la forme.
Dès la fin des trois semaines d’examen du projet de loi, vous avez annoncé que vous n’approuveriez pas ce texte. Pour quelles raisons ?
Je ne voterai pas pour. Nous sommes à mille années-lumière des 149 propositions de la Convention citoyenne pour le climat, point de départ de ce projet de loi. Il tourne le dos au cœur de ses propositions, en particulier à toutes celles qui portaient une dimension de rupture avec la société d’hyperconsommation. Cette loi ne permettra par ailleurs pas à la France de respecter l’accord de Paris sur le climat, ni même sa propre stratégie bas-carbone. L’efficacité de ce texte en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre est quasi inexistante. Il permet d’éviter 6 à 10 millions de tonnes de CO2 par an en 2030, là où, pour atteindre notre objectif officiel de réduction de 40 % des émissions, il en faudrait au minimum 112 millions. Et alors même que cet objectif de 40 % n’est ni conforme aux conclusions des derniers rapports du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), ni conforme au nouvel objectif européen de réduction de 55 %. Nous sommes dans un contexte d’urgence climatique, d’accélération de ses effets qui deviennent de plus en plus perceptibles. Or ce texte n’engage pas les transformations nécessaires, alors même qu’elles sont porteuses, si on suit les propositions de la Convention citoyenne, d’une meilleure qualité de vie pour toutes et tous.

La communication du gouvernement déploie le thème d’une écologie « de bon sens », à l’opposé d’une écologie qualifiée de « brutale ». Que pensez-vous de ces arguments de défense du projet de loi ?
Ces arguments sont dans une forme de déni et d’irréalité. Car c’est le Giec qui, dans son rapport, énonce la nécessité de mesures « rapides et radicales ». Le gouvernement appréhende l’écologie en termes de greenwashing et de postures politiciennes, comme si nous n’étions pas confrontés à des phénomènes physiques.