La chaleur est déjà étouffante quand s’ébranle, sur le boulevard Saint-Martin, la « Marche d’après » parisienne, qui réunit au même moment, dans 160 villes, à l’appel de plus de 700 organisations, près de 115 000 personnes pour dénoncer la faiblesse de la loi climat, votée en première lecture par l’Assemblée nationale le 4 mai. Le ciel comme le climat social du moment ne vont d’ailleurs pas tarder à tourner à l’orage. C’est que, depuis le petit matin, la une du Journal du dimanche circule de flashes info en tweets rageurs : Emmanuel Macron s’apprêterait à renoncer au référendum sur la modification de la Constitution qui devait y introduire la protection de l’environnement. Le président de la République l’avait pourtant promis aux membres de la Convention citoyenne pour le climat, réunis au Conseil économique social et environnemental le 14 décembre dernier. C’était l’ultime avatar du « sans filtre », dixit le chef de l’État, le mode selon lequel devaient être soumises leurs 149 propositions. Et, après trois semaines de débats parlementaires pendant lesquelles les députés de la majorité ont permis de déshabiller ce qu’il restait des travaux des conventionnels, ça commence à faire beaucoup de reculades au goût, désormais fort amer, des « conventionnels » et des militants du climat. « C’est la même chose depuis le début : il ne tient pas ses promesses, souligne, dépitée, Patricia Samoun, ancienne assistante commerciale de 59 ans et conventionnelle parisienne, quelques minutes avant le départ de la manifestation. Nous avons espéré beaucoup, on a un petit peu. Il y a deux jours, on était en manteau ; aujourd’hui, on est en T-shirt. Est-ce qu’ils n’ont pas conscience du danger qui nous guette tous, nos enfants et nos petits enfants ? »