C’est en nocturne que, ce jeudi, le rideau se lève sur l’examen de l’article 52 du projet de loi « climat et résilience ». Il prend peu de place dans le long chapitre consacré à la lutte contre l’artificialisation des sols débattu depuis maintenant plusieurs heures. Mais c’est celui que tout le monde attend. Il prévoit d’interdire la construction de nouvelles surfaces commerciales de plus de 10 000 mètres carrés, en plein champ. Mais les entrepôts de e-commerce y échappent. Or certains projets atteignent des surfaces de près de 200 000 mètres carrés. Dans le viseur des détracteurs de l’article 52, il y a, sans avoir besoin d’en prononcer le nom, le géant Amazon, son développement hexagonal fulgurant et exponentiel qui comprend 35 projets pour les prochaines années, sa noria de camions de livraison et leurs particules fines, ses employés maltraités, ses impôts impayés et son impact négatif sur le commerce de proximité que Les Jours racontaient dans l’épisode 3 de Fin du monde, fin du mois. Sur scène, les députés savent quel texte ils ont à jouer. Derrière leur écran, les collectifs citoyens qui se mobilisent depuis des mois contre l’implantation de la multinationale dans différents endroits de l’Hexagone, et des ONG qui ont « livré » 577 colis siglés Amazon, un par député, devant l’Assemblée nationale la semaine dernière, assistent au drame, en espérant un coup de théâtre.
« C’est un moment très politique », plaide le socialiste de Meurthe-et-Moselle Dominique Potier pour poser le décor.