Exit François Bayrou. Le président du Modem n’a pas été le garde des Sceaux le plus éphémère. Avec trente-cinq jours au ministère de la Justice, il bat de peu Maurice Faure en 1981 (un mois) et Michel Crépeau en 1986 (vingt-huit jours). Mais il aurait, sans aucun doute, aimé rester un peu plus, ne serait-ce que pour défendre sa loi « moralisation ». L’affaire des assistants parlementaires du Modem, et la pression mise sur lui par la démission de Sylvie Goulard, ministre des Armées et adhérente du parti centriste, l’a cependant contraint à quitter le gouvernement. Ou plutôt à « ne pas participer au prochain gouvernement », comme il l’a déclaré lors d’une conférence de presse organisée mercredi après-midi au siège du Modem, là même où il avait annoncé en février dernier son alliance avec Emmanuel Macron. La loi « sur la confiance dans l’action publique » sera donc désormais défendue par une femme, Nicole Belloubet, une juriste jusque-là membre du Conseil Constitutionnel et ancienne adjointe socialiste à la mairie de Toulouse, nommée mercredi soir garde des Sceaux à la faveur du dévoilement du nouveau gouvernement.
Depuis que le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire sur le Modem – le 9 juin dernier –, la situation de François Bayrou était devenue très compliquée. Les textes prévoient que le garde des Sceaux ne « peut adresser aucune instruction dans les affaires individuelles » et l’intéressé avait promis de respecter cette règle, ajoutant même qu’il n’irait pas « chercher d’informations sur les affaires particulières ». Mais imagine-t-on vraiment que le procureur de Paris puisse mener sans contrainte une enquête concernant le garde des Sceaux, son propre supérieur hiérarchique ? Une perquisition au domicile de François Bayrou ou un placement en garde à vue semblaient difficilement imaginables.

Pendant plusieurs jours, malgré les critiques et les enquêtes s’accumulant dans la presse, le président du Modem a cru pouvoir rester à son poste. Il comptait sur l’appui du président de la République. Un soutien mezza vocce, puisque le « jupitérien » chef de l’État ne s’abaisse plus à commenter l’actualité. Mais un soutien quand même. Il y a une semaine, lors du traditionnel point presse à l’Élysée suivant le conseil des ministres, Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, promettait encore que le remaniement à venir à la suite des législatives ne changerait pas grand-chose.