Il est déjà leur élu. « Je n’ai pas dormi de la nuit, vous êtes si calmes. » Marianne, une jeune femme qui a fondé « Les Européens avec Macron », apostrophe les militants du XIe arrondissement de Paris. Elle sautille dans tous les sens. Dans une poignée de secondes, les écrans de télé vont donner les résultats de la présidentielle. Porte de Versailles, réunis dans un hangar sans âme, les militants d’En marche regardent avec gourmandise les sondages qui tombent sur leurs messageries privées. À 20 heures, ils explosent de joie en apercevant la silhouette de leur candidat, qualifié pour le deuxième tour et crédité à ce moment-là de 23,7 % des suffrages. Les cris couvrent les résultats des autres candidats. Il n’y a pas de soulagement, juste de la joie. Marianna Mendza et Bouchra Nazzal, des néomilitantes que Les Jours suivent depuis plusieurs mois, se tombent dans les bras. « Devant Le Pen ! », souffle Marianna. Plus tard, elle me dira : « C’est que la France est moins perdue que ce qu’on croyait. »
À la télévision, une éditorialiste parle de la « consécration du phénomène Macron ». Le phénomène est là, dans la salle : des électeurs de la droite et de la gauche, des militants venus de nulle part, sans expérience politique, unis par une promesse de renouveau à laquelle ils ont adhéré sans faillir. Et, pour l’instant, sans être déçus. « J’ai encore les jambes qui tremblent », confie Marianna. Mais elle l’admet : elle était « confiante ».