Ils se faufilent tous les trois, ne se quittant pas d’une semelle. Ils dégotent les dernières places, au cœur de l’arène. Le pupitre du candidat est proche. Autour d’eux, 6 500 personnes palpitent. Ces trois militants actifs d’En marche sont venus de Paris pour assister au meeting d’Emmanuel Macron à Lyon ce samedi après-midi. Je les avais retrouvés le matin même sur le quai du RER et les ai accompagnés en TGV Ouigo. 22 000 personnes s’étaient inscrites, selon En marche. Le palais des Sports de Gerland est plein à craquer, plusieurs milliers sont restés à la porte. Plus la « vague » grossit, plus le mouvement risque de se retrouver tiraillé entre la volonté de renouvellement et le principe de réalité. Dans un même bateau, des nouveaux venus en politique, comme Marianna, Caterina ou Pierre-Marie, qui croient à la « méthode » Macron, et des politiques à l’ancienne, des professionnels bénéficiant de réseaux d’élus, comme l’hôte du jour, Gérard Collomb, 69 ans (sénateur depuis 1999, maire de Lyon depuis 2001, président de la métropole depuis 2015), cumulard dans le temps et l’espace et premier poids lourd à avoir rallié Macron, bien avant la primaire de gauche.
Marianna Mendza, 39 ans, « référente » du XIe arrondissement de Paris issue de la société civile, peaufinait encore dans le train sa lettre de motivation pour l’investiture aux législatives (lire l’épisode 2, « Chez Macron, comment se délivrer du mâle ? ») ; à côté d’elle à Gerland, un tout jeune homme, lyonnais, encarté chez Les Républicains mais curieux, attend d’être convaincu. Juste devant, deux militantes arrivées d’Aix-en-Provence expliquent que leur comité local d’En marche compte 143 membres. Sur le siège à côté de Pierre-Marie Debreuille, un homme baraqué, l’air exalté, demande à tout le monde : « Vous faites partie de l’équipe d’Emmanuel ? » À quelques mètres, derrière un cordon dans le carré VIP, les personnalités et les élus qui ont rejoint Macron. ll y a deux cents maires, parlementaires, conseillers départementaux et régionaux, annonce Gérard Collomb, acclamé aux cris de « Gérard, Gérard ». Ces officiels occupent les premiers rangs.

Le candidat se fait attendre. Marianna a enfilé un tee-shirt rose « Macron président ». Caterina Avanza assiste à son deuxième meeting seulement. Quant à Pierre-Marie, Parisien né à Lyon, la dernière fois qu’il était venu ici, au palais des Sports, c’était pour un concert de Renaud, en 1995.