Il s’agit peut-être d’une promesse intenable. Mélange de démocratie participative et de marketing, le mouvement d’Emmanuel Macron associe ceux qui le veulent à la constitution de son programme. La méthode innove et plaît suffisamment pour que des milliers d’adhérents se réunissent partout en France pour réfléchir à l’Europe, à l’écologie, au travail, à la solidarité… Cette démarche évite de « rester dans un débat en chambre », comme l’expliquait Jean Pisani-Ferry, directeur du programme et des idées, au QG de campagne du candidat, le 10 février. D’après le mouvement, 400 experts travaillent sur des propositions, 500 réunions publiques ont eu lieu, ainsi que 3 000 ateliers thématiques. Bref, selon En marche, c’est « une intelligence collective » à l’œuvre. Mais dont il est trop tôt pour savoir ce qu’elle va véritablement engendrer. Les comités locaux sont l’un des rouages de cette mécanique. Certaines mesures y sont suggérées, popularisées, d’autres peuvent surgir, puis être oubliées, intégrées ou broyées… C’est ce j’ai pu voir en assistant à de nombreux comités à Paris, où les idées circulent, se malaxent, s’affinent.
Il fait froid près de la vitre. Certains gardent leur manteau. Dans un café du XIe arrondissement de Paris, ce 5 janvier au soir, dix personnes (autant d’hommes que de femmes) discutent d’éducation. Caterina Avanza est l’animatrice de ce comité parisien d’En marche. Elle utilise le vocabulaire du mouvement. Explique qu’on est dans une phase d’élaboration du « plan de transformation », qui vient après les « ateliers de restitution » sur l’état de la France et le « diagnostic » établi après la « grande marche ». « On travaille sur le programme et les idées, on construit avec les gens et après je fais remonter », explique-t-elle aux autres. Autour d’elle, Julie, 30 ans, qui a fait du porte-à-porte pour En marche et dont c’est le premier engagement politique ; Agathe, cadre chez Danone, qui « ne croi[t] plus à la vie politique telle qu’elle se pratique, trop archaïque », mais ne se voit pas encore comme une militante ; Francis, retraité, ancien socialiste, militant assidu au QG ; Guillaume, comptable et ancien chômeur ; Ghanima, professeure d’anglais en prépa HEC ; un aiguilleur du ciel de 32 ans ; une retraitée heureuse de sa famille « multiculturelle »…

Sur les questionnaires remplis pendant la « grande marche », l’éducation est arrivée en tête des priorités.