Vu de l’arrière de la salle, on ne voit que des chevelures : des chignons, de longues crinières, pas de costards. Ce dimanche, le QG d’Emmanuel Macron, situé dans un immeuble moche du XVe arrondissement de Paris, est dédié aux femmes du mouvement : à celles qui s’imaginent candidates à la députation et, plus encore, à celles qui hésitent. « Cette journée aura pour objectif de répondre aux interrogations que vous pouvez avoir sur l’engagement en politique, ses contraintes, barrières, avantages et conditions », annonçait le mail d’invitation aux adhérentes. Emmanuel Macron, lancé sans parti dans la course présidentielle, veut présenter 577 candidats estampillés « En marche » pour les législatives, dont une moitié de femmes, y compris dans des circonscriptions gagnables.
Il a lancé une procédure ouverte, en ligne, qui a provoqué un appel d’air… surtout chez les hommes. Ils étaient 85 % dans les premiers jours (lire l’épisode 2, « Chez Macron, comment se délivrer du mâle ? »). Cette journée, entre groupe de parole et coaching d’entreprise, est une tentative pour remédier aux déficits des vocations côté féminin. Le matin, une intervenante a exposé les mécanismes d’autocensure et le « syndrome de l’imposteur » qui freinent les ambitions des femmes, mais dans le public, on sent aussi un appétit assumé. Une adhérente de Corse s’exclame : « Quand on voit les “big bedaines” qui jouent à Candy Crush dans l’hémicycle, on se dit qu’on a toute notre place à l’Assemblée nationale. »

Je compte 180 participantes, principalement des Parisiennes. Beaucoup ont autour de la trentaine, l’assemblée est peu métissée. Plusieurs dizaines sont debout. Quelques-unes viennent d’autres départements : du Calvados, de Côte-d’Or, du Tarn-et-Garonne… « On a clôturé très vite les inscriptions, il y avait trop de monde », me glisse Céline Calvez, « référente » des IXe et Xe arrondissements de Paris que j’avais vue chapeauter une réunion un samedi glacial de décembre (lire l’épisode 1, « Les apprentis »). Du coup, une deuxième journée sera organisée dimanche prochain. Les bras se lèvent pour prendre la parole, demander des précisions. Toute en sourire, Marlène Schiappa tente de répondre, en promettant qu’En marche ne sera pas « une chambre de recyclage de tel ou tel parti, et que la moitié des candidats viendront de la société civile ». Avec huit autres personnes, elle est membre de la commission qui doit sélectionner les candidatures pour l’investiture aux législatives.