De Koungou et Tsoundzou (Mayotte)
«Je ne veux pas me maintenir dans un logement insalubre, mais ce que l’on me propose, c’est le chaos ! » Témoignages de familles en main, l’une des membres d’un collectif d’avocats spécialisé dans la défense des étrangers relit les derniers éléments qui seront présentés au tribunal administratif de Mayotte. Face à la mosquée de Majicavo-Koropa, dans la commune de Koungou, à l’intérieur d’une petite case en tôle ondulée chauffée à blanc par le soleil où sont réunis habitants et avocats, l’ambiance est aussi pesante que combative. Dans quelques jours, un juge rendra sa décision quant à la destruction du quartier de Talus 2. Vingt habitations précaires, mais le grain de sable dans l’engrenage de l’opération Wuambushu, qui vise à détruire des bidonvilles et expulser massivement les clandestins (lire l’épisode 1, « Mayotte redoute le cyclone Wuambushu »).
« Je suis soulagée », répétait encore la veille Fatima, tenancière d’une brochetterie en contrebas. Les bulldozers avaient prévu de raser son quartier depuis une semaine. Sur les maisons, des numéros avaient été tagués à la bombe pour marquer les habitations à détruire, provoquant le départ précipité de plusieurs familles. Mais contre toute attente, celles qui restent ont réussi à repousser l’arrivée des machines. Un succès en première instance remporté notamment grâce au soutien des avocates qui ont mis en lumière l’insuffisance de solutions d’hébergement adaptées.
Des habitants vivent ici depuis trente ans ! Ils possèdent des années d’affaires et de meubles qu’ils risquent de perdre. On leur propose un 30 m2 pour une durée qui ne dépasse pas six mois. Cette manœuvre ne fait qu’appauvrir une population déjà précaire.
Pour ces familles, bien souvent françaises ou étrangères en situation régulière, le combat est loin d’être terminé.