À Talus 2, à Koungou (Mayotte)
Il est un peu moins de 6 heures du matin quand les camions de gendarmerie stationnent au pied de Talus 2, à Majicavo Koropa, un quartier de la commune de Koungou. Ce lundi 22 mai, dans les premières lueurs du jour, tout le monde comprend rapidement ce qui se joue. À la hâte, les derniers habitants de ce bidonville du nord de Mayotte qui n’ont pas encore accepté les propositions de relogement émises par la préfecture quittent les lieux avec leurs affaires, escortés hors du périmètre par les hommes en treillis. Une fois le quartier bouclé vient le ballet des machines et des ouvriers de Tétrama, la boîte de travaux publics mandatée pour procéder à la destruction du bidonville. Plusieurs équipes se partagent la tâche. Les conducteurs d’engins se chargent de faire tomber les tôles et de broyer les poutres de bois. Les autres ouvriers, à pied, déblaient et démontent petit à petit les entrées des habitations.
Sur la route, devant l’une des maisons marquées d’une croix, deux hommes s’entretiennent. Le premier, en habit traditionnel, porte un kofia, le bonnet brodé mahorais ; le second, en gilet jaune, un casque blanc. Cet ouvrier, c’est Abdallah Abdou Madi. Lui ne découvre pas le quartier… et pour cause : il l’habite depuis toujours, avec sa femme Zenabou et leurs enfants. Ici, tout le monde le connaît. Ce matin, le sourire désolé qu’il affiche sur son visage sonne un peu faux.