Bernard est venu de La Rochelle pour se faire une semaine de culture à Paris. Il a deux pièces de théâtre, un concert de musique classique, des visites prévues au Centre Pompidou et au Quai Branly. Et un concert de jazz, ce mercredi 19 mai, à la Dynamo de Pantin, dans la proche banlieue est de Paris. Avec son fils Bertrand, il a longtemps cherché le bon endroit pour cette grande reprise du live, à l’arrêt total à travers toute la métropole depuis fin octobre après une année 2020 déjà sérieusement hachée pour le secteur. « Je voulais reprendre les concerts dans un lieu que j’aime bien, sourit-il sous son masque blanc. Je venais ici quand j’habitais encore à Paris. »
Sous la grande verrière de cette ancienne usine de sacs de jute installée dans un quartier populaire à deux pas de la porte de la Villette, une bonne partie des 54 personnes qui constituent le public de ce mercredi un peu spécial sont des habitués des lieux ou des furieux des concerts. Des gens clairement en manque. Il y a Samira et Tristan, qui se sont installés récemment à Pantin et viennent donc en voisins. Eux voulaient « absolument voir un concert » dès le soir de la réouverture et sont tombés sur la proposition de la Dynamo. Tristan raconte avoir « réécouté des CD pour essayer de retrouver des souvenirs de concerts passés » pendant le dernier confinement, mais ça n’a pas trop marché. Samira parle d’un « grand vide, forcément. Des concerts, on en a eu une vingtaine d’annulés ces derniers mois. On en a un qui doit en être à son quatrième report… L’ambiance nous a vraiment manqué. » Même si ce soir, c’est franchement calme. Le bar est fermé au désespoir des visiteurs, la verrière est presque vide alors qu’elle résonne d’habitude des embrassades, du cliquetis des repas pris au restaurant et d’enfants qui jouent au babyfoot près de l’entrée.
C’est une soirée de concert en version dégradée, mais tout le monde est déjà bien content de pouvoir mettre le nez dehors passé 19 heures pour entendre de la bonne musique jouée en chair et en os. Lionel, qui sortait « cinq soirs par semaine » avant le rereconfinement et qui sera ce soir au Centquatre, le centre culturel du Nord-Est de Paris, est venu « au hasard, pour découvrir » l’artiste qui joue ce mercredi. Soit le saxophoniste Sylvain Rifflet et son impeccable quartet (Yoann Loustalot à la trompette, Sandrine Marchetti à l’harmonium, Benjamin Flament aux percussions), venu défendre un album sorti fin 2019