À Nancy (Meurthe-et-Moselle)
Jeudi dernier, le rappeur Vîrus a été le dernier artiste à monter sur la scène de L’Autre Canal, à Nancy, avant le couvre-feu imposé à la Meurthe-et-Moselle. Ça ne s’invente pas, 2020 est décidément une année mesquine jusque dans ses moindres détails. C’était une soirée normale dans son anormalité, avec une cinquantaine de personnes masquées et assises sur des chaises en fer rouge espacées comme il faut. Un public attentif parce que statique, mais pas éteint
Tout ça ne fait pas peur à l’équipe du gros bateau rouge sang posé depuis 2007 dans un quartier populaire juste à la limite est du centre-ville. Car, depuis le déconfinement et surtout depuis la rentrée de septembre, L’Autre Canal a fait preuve d’une résilience surprenante qui est aujourd’hui regardée comme un modèle par d’autres lieux encore tétanisés par la crise sanitaire. Quand une partie des salles de concert de musiques dites actuelles (rock, rap, reggae, electro…) ne sont jamais vraiment reparties après le déconfinement, les privées surtout mais aussi les lieux subventionnés, L’Autre Canal a fait feu de tout bois. C’est ce que racontait la semaine dernière son directeur, Henri Didonna, un vieux routier des concerts qui a senti très tôt qu’il ne servait à rien d’espérer un retour à la normale. « Beaucoup d’autres salles ont attendu la rentrée pour bouger, décider quoi faire » en demandant un retour des concerts debout qui a fini par être bâché le 28 août par la parution d’un décret et d’un protocole dictant l’organisation des spectacles jusqu’à nouvel ordre (public assis et masqué, éloigné d’un mètre…). « Ce qui nous a sauvés, c’est de décider dès le mois de mai de jouer quand même », résume le directeur de L’Autre Canal, en lançant un festival nommé l’Été indien à la place d’un autre prévu en mai et qui devait mêler concerts et gastronomie.