Chaque fois, c’est la même scène. Un festival appelle son fournisseur habituel de matériel pour lui demander combien cela lui coûterait d’asseoir 5 000 personnes, comme l’exige la norme édictée par le gouvernement le 18 février (lire l’épisode 7, « Grand bad populaire pour les festivals d’été ») après des mois de tergiversations. Difficulté supplémentaire, ces 5 000 personnes devront être distanciées, il faut donc prévoir au moins 10 000 places assises. Alors, chaque fois, les organisateurs font la même tête dépitée devant les devis qu’ils reçoivent
Cette histoire de gradins est en train de devenir un nœud indémerdable pour beaucoup de festivals de l’été, qui approche très vite. Surtout, elle résume le moment de flottement où se trouvent en ce moment les rendez-vous de musiques dites « actuelles » dans la terminologie du ministère de la Culture, c’est-à-dire toutes celles qui se vivent debout. « On voulait un cadre, la ministre nous l’a donné. Depuis, on bosse dessus et on s’aperçoit que c’est difficile de le faire fonctionner », confirme Béatrice Desgranges, la directrice du festival électronique marseillais Marsatac. Trois camps se dessinent aujourd’hui. Le premier serait constitué des festivals qui veulent exister malgré tout, d’une façon ou d’une autre : les Vieilles Charrues à Carhaix (Finistère), qui comptent jouer dix soirs de suite, Les Suds à Arles (Bouches-du-Rhône), qui se recentrent sur le théâtre antique de la ville, ou le Midi Festival à Hyères (Var).